
Nous arrivons à Tsumeb vers 15h. Premier objectif : trouver un garage. Frank, le garagiste-propriétaire de Executive Auto Repairs fini sa conversation téléphonique et nous retrouve à l’accueil. Franck est allemand. Stéphane énumère les petites inconvenances temporaires de Fendi : le compresseur a rendu l’âme, la batterie chauffe à outrance et dégage une odeur de caoutchouc grillé, une durite est percée, une fuite dans la boîte de transfert et le comble : l’entourage aluminium du pare-brise s’est cassé sur les pistes. Plus de mon côté d’ailleurs.
Faudra-t-il démonter le toit ? Faire des points de soudure ? Souder de l’alu demande un réel savoir faire.
Frank, après un check rapide et ayant fait le tour du véhicule déclare : « Je ne vais certainement pas pourvoir vous aider sur le dernier point ». Frank a lui même 4 Défenders. Dont un très ancien modèle qu’il rénove entièrement pendant les heures creuses. Son projet : l’aménager avec un toit de tente, cuisine, douche,…pour le louer lors des Safaris dans Etosha. « Ce véhicule est une légende. Les premiers Safaris se faisaient en Defenders » nous lance t-il l’œil pétillant. Le garage ferme à 17h et nous n’avons pas de logement.
Franck nous conseille d’aller à Mousebird Backpackers, tenu par des allemands. Ruth, femme Herero, nous accueille et nous propose les différentes options : chambre ou camping. Nous optons pour ce dernier, moins cher et bien plus agréable pour nous. Nous sommes les seuls à camper sur la pelouse. Nous disposons d’une cuisine, d’un patio, de toilettes et douche à quelques pas, toujours à l’extérieur. Nous réalisons combien nous aimons vivre dehors. Et puis, si la situation nous le permet, nous préférons de loin dormir dans Fendi. Nous avons notre espace intérieur et extérieur, le temps est si agréable la journée, le soleil est présent tous les jours. Il n’y a que le soir qu’une légère fraîcheur s’installe et nous oblige à dîner vers 18h, et regagner notre couette vers 21h.
Mais loin s’en faut, nous ne serons pas seuls dans ce Backpackers. Joe arrive vers 18h. Il vit là depuis deux mois. Sud africain, la soixantaine, Joe est oculiste et tient une boutique en ville. Il a perdu l’usage d’un oeil à l’âge de 3 ans suite à une rixe avec sa soeur. Pianiste depuis l’âge de six ans. Lors de notre repas il se met à jouer du Chopin, du Rachmaninov, Saint-Saens . Incroyable. Amoureux de la langue française, il s’exprime très bien en français. Nous apprenons l’anglais, lui le français. Mais Joe a un projet. Emmener une vingtaine de touristes dans un bus en Safari à Etosha et jouer du piano pendant leur dîner. Si son projet vous inspire contactez le : locomotion773@gmail.com
ECOUTEZ JOE jouer du piano pendant notre dîner :

Le lendemain à 7h, Stéphane s’apprête à conduire Fendi chez Franck pour les réparations. Mais la batterie est vidée. Heureusement Joe est là pour nous aider à démarrer.
Nous en profiterons pour faire notre lessive, écrire le dernier article, ranger les papiers et faire un tour dans Tsumeb pour les courses. Stéphane achète un nouveau compresseur. Incroyable rencontre. Nous tombons nez à nez avec Max et Amrei, deux voyageurs allemands de München, avec leur Defender. C’était nos voisins de camping à Dakar. Leur projet : récolter des fonds pour venir en aide sur des projets culturels et animaliers.(www.Happy-Venture.com). Ils ont fait toute la côte africaine et traversé de nombreux pays africains. Le monde est finalement si petit.
Vers 13h nous nous arrêtons chez Sonia’s Kitchen pour le lunch. C’est un endroit comme je les aime. Que des produits frais et « fait maison ». Des légumes, produits laitages, confitures, gâteaux, sauces, épices, plats cuisinés au habits crochetés pour bébés, bijoux, accessoires, cadeaux, peintures,….et j’en passe. Un plat de produits frais est servi tous les jours. Nous optons pour un Bobotie de Bœuf, un mélange de légumes cuits avec une sauce béchamel, des Ribs de Bœufs. Le lendemain nous y mangerons du poisson frais et des légumes à l’orange (butternut). Nous y discutons avec Ilse Shiele. Fille d’ambassadeur, elle a vécu deux ans à Paris lorsqu’elle avait quinze ans. Ilse est enseignante à Grootfontein, une école privée allemande. Son mari est pasteur. Elle nous parle quelques mots en français. Visiblement contente de nous rencontrer. Elle nous invite à découvrir son école, financée par des dons. En Allemagne une association œuvre pour vendre des billets de tombola à 100 euros. Un billet gagnant pour des vacances en Namibie. Favoriser l’école, éloigner les enfants de la rue, de la mendicité ou du travail. L’école est obligatoire en principe mais dans la réalité, ça n’est pas toujours le cas. Un peu comme en Afrique du Sud. Nous passerons à Grootfontein un samedi. Pas d’école le samedi. Dommage !
Puis une autre balade nous fait découvrir Tsumeb, cette ville fondée en 1905 par l’administration coloniale allemande, riche en minerais : plomb, cuivre, argent, cadmium et germanium.
De ci de là des vestiges du passé. Ancien puis d’extraction, wagons, ligne de chemin de fer,.…Les rues sont parées de beaux bougainvilliers et de Jacarandas.
Nous récupérons Fendi dans l’après midi, propre comme un sous neuf de l’extérieur.
Va falloir s’occuper à présent de l’intérieur. La poussière est omniprésente. Elle s’infiltre de partout. A chaque arrêt, il faut recommencer à nettoyer. Beaucoup de temps et d’énergie. La prochaine partie de route sera du bitume en grande partie. Un peu de répit. Des routes plus agréables à conduire. Notre peau est sèche. Ca gratte de partout. Conséquence de cette poussière.
Je parle l’allemand avec Franck puis je fais la traduction à Stéphane. Je ne pensais pas parler l’allemand autant en Afrique. D’une part, nous rencontrons beaucoup d’allemands en vacances, d’autre part les descendants des colons allemands ont gardé leur langue d’origine et continuent de l’enseigner.
Nous reprenons la route et faisons nos adieux Joe et Ruth. Je laisse à cette dernière deux pulls. Nous sommes en hiver et malgré les 30 degrés en journée les namibiens sont couverts de bonnets, manteaux, vestes, bottes,….et nous en short et tee-shirt. Ces pulls lui seront bien plus utiles. Ruth est ravie. Elle me fait partager un chant Herero qu’elle chante avec sa sœur et me montre une photo où elle est vêtue de cette tenue traditionnelle des Herero.
ECOUTEZ RUTH et sa sœur chanter un chant traditionnel Herero :
La route à présent. Direction la Bande de Caprivi. Le paysage devient plus verdoyant. Les arbres en forme de Brocoli apparaissent. Des cases rondes, quelques maisons en dur ou en terre séchée ou en tôles ondulées. Des femmes, des enfants portant des sceaux sur leur tête, les hommes aussi portent des sacs sur leur tête. Parfois un groupe de personnes sont assis là à discuter devant leurs cases. Souvent ils nous font un signe de la main, nous sourient et nous saluent. Nous logeons au camping du Kaïsosi Lodge de Rundu, en bord de rivière Okavango. De l’autre côté c’est l’Angola.
La Bande de Caprivi est une panhandle longue de 450 km et large de 30 km dans la région du Zambezi et la partie orientale du Kavango East.
Le son des coqs (et non plus des chiens à Tsumeb) nous réveille. Deux lamas (oui, c’est bizarre), des paons, des « poules de luxe », comme dit Stéphane (elles ont des plumes aux pattes) nous accueillent au réveil. L’emplacement du camping est spacieux et bien aménagé : Braai, point d’eau, petit bloc de sanitaire et douche privatif et vue sur la rivière.
Nous repartons en direction du Botswana sans trop savoir où nous allons nous arrêter. Nous sommes les rois de l’organisation. Non pas du tout en fait. Nous nous arrêtons après 3 ou 4 heures de route, parfois moins. Notre dernière journée en Namibie nous nous arrêtons à 55 km avant …au Ndurukoro Camp & Chalets, en bord de rivière. L’endroit est magique, une fois de plus. Cinq emplacements de camping, petite piscine, sanitaires propres et bien aménagés. Léon, le propriétaire est là depuis 6 ans et gère le camping depuis 3 ans. Un des meilleurs campings depuis notre séjour en Afrique. La qualité à la quantité. Voilà le secret. De l’autre côté de la rive des crocodiles viennent se faire dorer au soleil et pondre leurs œufs.
Le Botswana, bientôt nos premières impressions. J’ai hâte….