9 octobre 2019. Le Sani Pass. Un accès étonnant pour un passage à la frontière. Certainement une très plus belles routes empruntées depuis notre périple. Seul itinéraire pour la traversée du Drachensberg, du Kwazulu-Natal, région d’Afrique du Sud, au Lesotho. Nous délaissons une fois de plus l’Afrique du Sud pour la découverte du Lesotho.
Autre destination sur notre longue liste de pays favoris. Choisir la route, que dis-je, la piste, longue de 18 km au moins, praticable que par 4X4, à travers les montagnes, est un de nos meilleurs choix et restera un de nos plus beaux souvenirs. Paysages vertigineux, panorama époustouflant. Soleil et ciel dégagé. Il fait 27° à midi.
Sani Top, 2790 m
d’altitude.
Nous arrivons à la douane du Lesotho,
au Sani Top, vers 16h. Nous nous
arrêtons à quelques mètres au Sani Top
Backpackers. Terrain des plus primaires, séjour et cuisine à disposition.
Sanitaires corrects. Le temps se gâte subitement. Un brouillard épais envahit
les lieux. Stéphane nous prépare le déjeuner/dîner. L’avantage d’avoir des
journées courtes. D’une pierre deux coups. Spaguettis et sauce tomates maison,
au menu. Le gaz est lent, très lent. Nous finissons de manger et voilà qu’il
pleut, il fait froid même. La veille, nous quittions l’Afrique du Sud avec 32°
et là, dans ses hauteurs vertigineuses,
nous retombons à 10°. Je regarde la météo. Moins deux degrés vers 3h du matin.
Incroyable ! J’en frisonne. Nous ressortons en hâte nos pulls, doudounes
et coupes vent. Temps d’automne. Humide et froid. Le camping n’est plus une
partie de rigolade. Nous laissons Fendi au chaud, sans déplier la tente de
toit, pour garder la chaleur. Le chauffage ne marche pas. « Que par grosse
chaleur » renchérit Stéphane.
Il est 17h30. Nous filons au Sani Top Lodge, à 500m. Je pousse la porte du bar et c’est comme un cadeau du ciel : petite pièce avec canapés, tables et chaises et feu de cheminée. Un groupe de touristes allemands, randonneurs sont présents. La pancarte « Bar le plus haut d’Afrique australe : 1874 m » trône au dessus du comptoir.
Nous tardons à revenir à notre campement. La pluie s’est intensifiée. Le froid aussi. Le vent nous glace les os.
Nous nous enveloppons dans pulls, couvertures, couette. La nuit sera froide, très froide, mais silencieuse, et finalement le sommeil sera profond.
Le lendemain, un café est préparé dans la hâte. Il pleut toujours et le brouillard est toujours là. Augustine, une employée, aux formes généreuse, de petite taille, emmitouflée dans un anorak bleu, bonnet et capuche, prend également son café, dans la cuisine du Backpacker. Son anglais est approximatif mais nous comprenons qu’elle travaille ici la semaine et vient de ……., la ville située à 1h30 de distance.
Le 10 octobre 2019
La route est reprise dans de mauvaises conditions. « C’est une expérience ! » se rassure Stéphane. Routes sinueuses, brouillard épais, pluie glacée. De nombreux panneaux indiquent la prudence car les routes peuvent être glissantes par temps de pluie, de gel et de neige. Nous continuons de monter à plus de 3000 mètres. A notre droite, nous apercevons le Thabana Ntlenyana, à 3482 m. Point le plus haut du Lesotho.
« A cette hauteur il y a moins d’air » m’explique Stéphane. « le moteur respire moins! » précise-t-il.
Voilà que des petits grêlons commencent à tomber. C’est dingue de passer des 27°d’hier matin, à 5° ce matin, voire -2 à cinq heures du matin. Les panneaux « Slippery conditions » continuent se s’afficher.
Les virages sont serrés, les côtes pentues. Les troupeaux de vaches ou de moutons nous obligent à une vitesse limitée de 25 à 40 km/h. Les routes sont en bon état, avec marquage au sol. Un homme est assis sur la barrière de sécurité, dans un virage. Un fantôme dans ce paysage de montagne. Passe-montagne et « Blanklet »*, de couleur « terre » sont enroulés autour de sa silhouette frêle. L’homme est à peine visible. Seule une fente dévoile ses yeux.
*Les Blankets du Lesotho. Voir art du 19 mai 2019 parlant de l’Exposition de Bloemfontein, sur les Blankets du Lesotho.
» A l’origine cette cape était en peau de bête (mouton). Il existe une variété de Blankets pour représenter les différents rites de passage de la société (de l’adolescence à l’âge adulte), mais aussi le rang, la situation matrimoniale, l’appartenance à un groupe. L’histoire a commencé en 1823. Un missionnaire français ….(cf. art du 19 mai 2019 : « Des lions à Bloemfontein ».
Puis le soleil revient. Le temps se réchauffe.
Nous prenons la direction de Mokhotlong, principale ville à l’est du Lesotho. Cette ville isolée, ressemble à une ville du Far West. Hommes à cheval, vêtus d’une « blanket » traditionnelle. Bottes en caoutchouc. Montagnes et plateaux en décor de fond.
Quelques courses sont faites. Pain et légumes.
Sur la route nous croisons de nombreux bergers, silhouettes-fantômes, avec leurs troupeaux de moutons, de vaches et d’ânes chargés de sacs de maïs, de bois ou d’autres victuailles. Parfois simplement au milieu de la route. Des villages, avec leurs cases rondes en grosses pierres et toit de chaume, apparaissent isolés.
Des rivières, à sec, sont traversées. Parfois les déchets remplacent l’eau. Il pleut à nouveau. Les nuages sont bas, gris et lourds. Nous sommes à plus de 2200m.
Stéphane me demande : « Est ce que tu voudrais habiter là ? ». Je lui réponds : « Non, c’est beau mais c’est trop isolé. Quelle vie difficile pour ces montagnards du Lesotho».
Nous laissons la Letseng Diamond Mine sur notre droite. Immense complexe minier, toujours en activité. La visite se fait après demande d’autorisation à Maseru, la capitale du Lesotho. Puis nous parcourons le Tlaeng Pass à 3225 m.
Nous nous arrêtons au Mamohase B&B. Petites cases rondes traditionnelles, contenant un lit, parfois une petite table de chevet. Un petit terrain, avec vue panoramique sur les montagnes, nous est proposé pour camper. Douche au pichet. L’eau est chauffée sur demande. Un endroit simple et propre, tenu par Moruti et sa famille. Moruti est également guide et propose des sorties pédestres ou équestres. Le paysage s’y prête. Mais les chevaux aperçus sont maigres. Nous hésitons. Moruti semble également préoccupé. Nous apprenons que son cousin est tombé et s’est cassé la hanche quelques heures, avant notre arrivée.

Le lendemain, Moruti est parti voir son cousin à l’hôpital. Moeti, son cousin, est là pour prendre le relais. Il est également guide. Nous échangeons sur la vie, les coutumes au Lesotho. Prendre la température du pays. Avoir plusieurs sons de cloches. Observer, écouter et s’en faire une idée. Qui peut être complètement fausse d’ailleurs.
Moi : « Es-tu marié Moeti ? ». Moeti a 40 ans, depuis hier. Plutôt beau garçon et ouvert à la discussion.
- « Non » me répond t-il tristement. « Je n’ai pas assez d’argent pour acheter les 23 vaches ».
- « Et c’est combien une vache ? »
- « 6000 Moleti (LSL, la devise du pays) le Rand d’Afrique du Sud, est également utilisé et représente la même valeur.
- Et pour me faire une représentation je lui demande : « Combien gagne un Basotho** en moyenne ? »
- « Ca dépend s’il travaille dans le public, le privé, pour l’état,….disons entre 1000 et 6000 Moleti par mois (de 60 à 360 euros/mois).
- Je fais le calcul rapide dans ma tête : « Ah oui !!!! 1380 euros de dot pour les 23 vaches ! »
Moeti nous raconte que son père travaillait en Afrique du Sud, dans
une mine d’or près de Joburg (Johannesburg).
Nous parlons ensuite politique, religion,…mais le temps passe et Stéphane m’attend
pour un nouveau départ. Je remercie Moeti
pour ce moment partagé, grimpe dans le Fendi et le chemin est repris.
**Basotho = habitant du Lesotho.
Le fond d’air est frais. La petite Thermos de thé préparée le matin est un bonheur.
Après le Nord, nous empruntons les routes de l’ouest. Paysages plus urbains. Les cases rondes sont remplacées par des maisons rectangles ou carrées, toujours en grosses pierres. Nous pourrions nous croire à Monument Valley, sans les couleurs ocres.
Nous parcourons Butha-Buthe. Arrêt à Ha Kome-Ha Kome et les caves rupestres et habitations troglodytes
de Dwellings. Le camping est des plus
simples. Belle vue sur la vallée, petit terrain sur herbe sèche. Toilettes. Pas
de douche. L’installation est rapide. Francis
nous attend pour une visite guidée des caves. « 3 vieilles femmes
habitent, chacune dans une maison creusée dans la roche. La plus âgée a 96 ans.
La plus jeune 65 et la dernière à 86 ans », nous explique Francis. Pour un pays dont l’espérance
de vie est de 49 ans cela surprend.
Francis, commence à nous raconter
toute l’histoire de cette famille depuis 3 générations. Il fait chaud très
chaud et nous perdons vite le fil de l’histoire. Francis veut bien faire, mais
donne plein de détails. Nous retrouvons les femmes, rentrons dans leur petite
maison, avec leur accord. La porte est minuscule et très basse. A l’intérieur,
il y a juste de la place pour un lit, ou une couche et quelques sacs de
provisions alimentaires. Les maisons sont à peine plus grandes que notre Fendi. Le feu, servant à préparer les
repas, se situe devant la maison. Un peu plus loin, du linge sèche sur un fil.
Un enclos de pierres entoure des cochons noirs à quelques mètres de là.
Nous retournons à notre campement et préparons un riz pilaf car nous avons grand faim. Une femme du village d’à côté vient nous saluer et nous demande quelque chose à manger. Comment refuser ? Je lui glisse quelques pommes dans ses mains. Le riz n’est pas près.
Une demie heure plus tard, un groupe d’une soixantaine d’enfants, de 4 à 11 ans, passent devant notre campement pour la visite des caves avec Francis. Ils sont accompagnés d’un groupe de 7 adultes, dont 6 femmes. Deux d’entres-elles viennent spontanément nous voir pour nous poser des questions et faire connaissance. D’où venons nous ? Que faisons nous là ? Quels sont les pays que nous avons traversés ? Comment est équipée la voiture ? Où dormons nous ? etc….Séances photos.
L’une d’entre elles, Hlalele, revient, après la visite des caves, et nous invite chez elle pour le mois de décembre. Mais nous lui expliquons nous serons déjà très loin du Lesotho en décembre.
Samedi 12 octobre 2019.
La nuit fut paisible. Ni trop chaud, ni trop froid. La vue sur les montagnes est apaisante. Des villageoises passent non loin du campement pour chercher de l’eau à 500 mètres de là. Le saut sur la tête, tenu par une main. Des bergers passent avec leurs troupeaux de moutons ou de vaches. Des chiens aboient. Des enfants nous observent au loin, derrière un buisson. La jeune employée du site, à l’entrée des caves, vient nous saluer et s’informer de notre sommeil. Elle habite au village voisin, à une heure de marche matin et soir. Du lundi au Dimanche. Le jeudi elle est « off » (en repos).
Nous quittons Ha Kome. Le spectacle est dans la rue, sur la route. Gravel road (chemin de terre) pendant 20 kms. Petits villages de deux, trois cases. Quelques personnes tendent la main et nous demandent de l’argent. Avec les signes des mains posées sur le ventre. Les enfants crient « Money !! » ou « Sweety ! », le ton presque autoritaire, le visage tendu, presque en colère.
Nous nous arrêtons à Roma, ville Universitaire et petits commerces locaux. Un des rares lieux où trouver un ATM pour retirer de l’argent.
Près de Fatima, gros bouchon sur la route. Bus, taxi-bus et autres voitures sont arrêtés. Au loin, un cortège avec des centaines de personnes endimanchées, tenant des parapluies roses et rouges, s’avancent sur la route, d’un pas lent, vers l’église. Des jeunes longent les voitures. Je leur demande : « Qu’est ce qui se passe ici ? », l’un d’eux me répond : « C’est une cérémonie religieuse, pour faire venir la pluie ». Le Lesotho est connu pour ses rites autour de l’agriculture et du climat. Les cérémonies religieuses et ses traditions sont bien ancrées. 80 % des Basothos sont chrétiens. Nombreuses sont leurs croyances et pratiques, comme celle d’enterrer leurs morts assis, prêts à partir. Naissance, puberté, mariage, mort sont marqués par des cérémonies traditionnelles. Le bétail y occupe une place importante, car l’autosuffisance est de règle.
Après Fatima, la route serpente et monte en altitude. Nous passons de 1800 m à plus de 3000 mètres. La route est bonne. Fendi monte à 30km/h. « Allez, il reste encore 50 km » dit Stéphane en donnant des tapes sur le tableau de bord. Nous croisons les hommes à cheval, toujours vêtus de leur blanket et bottes en caoutchouc. Seuls les couleurs et les imprimés changent.
Nous passons à Ramabanta, puis Semonkong. Arrêt au camping du lodge du même nom.
Les Maletsunyane Falls. 202 m de haut sont à 4 km de là. Le lodge est tenu par un couple dont le mari est originaire du Lesotho, sa femme vient de l’Ile Maurice. Ils sont là depuis plus de 30 ans. Jeunes étudiants, ils ont démarrés avec deux maisons. L’endroit est devenu un haut lieu touristique au Lesotho. Balades à pieds, à cheval, et autres divertissements. Le Lodge est situé au milieu du village. Ce qui fait son charme et son authenticité. Comme nous sont sommes arrivés assez tôt, nous partons à la découverte des Maletsunyane Falls. En chemin nous croisons de nombreux bergers, hommes et femmes à cheval. Deux jeunes cavalières, 16 et 18 ans nous accompagnent sur une bonne partie du chemin. Celle de 18 ans me dit : « Je veux venir en Europe ! «
- « Pourquoi veux tu venir en Europe ? »
- « Pour trouver un travail »
- « Dans quel pays d’Europe veux tu venir ? »
- « En Europe » me répète t-elle plusieurs fois.
Je comprends tout d’un coup que pour elle, l’Europe est un pays.
Arrivée aux Falls de Maletsunyane. Premier constat, il y a peu d’eau.L’endroit garde sa beauté et son côté pittoresque. De retour au Lodge. La terrasse du bar surplombe le chemin vers les villages voisins. Nous dégustons une bière locale à base de maïs ou de sorgho, tout en observant les hommes à cheval, les femmes de retour du marché.

La nuit sera longue et bruyante. Chants, sons du Lekolulo (flûtes des jeunes bergers), du Setolo-Tolo (instrument à cordes joué avec la bouche), du Thomo (instrument à cordes, joué par le sfemmes), sifflets se font entendre au loin. Les villageois ont organisé une fête. L’amorce d’un rituel de passage à l’âge adulte. Les jeunes garçons vont ensuite passer trois mois dans la montagne, avec leurs guides spirituels. Le passage à la vie d’adultes. Rituels de passage.
Les oies du camping prennent le relais le matin :
Nous prenons un café au bar du Lodge avant de reprendre la route et engageons la conversation avec deux Basotho. Ils confirment cette sensation de liberté que d’autres Basotho nous ont confiés. « Le pays est grand, la vie est simple, tout est possible ! On peut faire ce que l’on veut ! ». Ils sont venus de Maseru, luncher au Lodge et chercher un mouton. Le mouton est dans le coffre de leur voiture, attaché. « Oui, effectivement tout est possible », je lance à Stéphane en passant devant le coffre ouvert.
Le Lesotho est une monarchie constitutionnelle parlementaire multipartite. Le 1er ministre Tom Thabane, est le chef du gouvernement et détient l’essentiel du pouvoir exécutif. Le rôle du Roi, Letsie III, en place depuis 1996, est essentiellement protocolaire (comme en Grand Bretagne). Il n’intervient pas sur la scène politique et n’a pas d’autorité exécutive, (contrairement au Swaziland, où le Roi a tous les pouvoirs). Le Lesotho était un protectorat britannique. Il est indépendant depuis 1966.
Passage à Mokopung. Les gens ont fière allure.
Stéphane redoute que les freins ne lâchent. Ca monte et ca descend. Les montagnes russes. Point besoin de se rendre dans un parc d’attraction comme Europapark (en Allemagne). Ici les sensations sont garanties. Les dos d’ânes, à n’en pas finir, nous obligent à ralentir et à rouler à 25/30 km à l’heure. Stéphane commence à soupirer. « Ras le bol de cette conduite ». Moi je commence à avoir l’estomac en bouillie.
Pourtant les paysages continuent de nous surprendre. Montagnes, camaïeux de jaune, orange et ocre.
Dernière nuit à Mount Moorosi. Chez Telang & Maneo. Petit Guesthouse, avec ses 8 cases en construction traditionnelle. Telang, Maneo et leur fille de 4 ans, vivent dans une maison rectangulaire avec 2 chambres, 1 salle de bain, 1 séjour et une cuisine. Maneo m’autorise à préparer le repas dans sa cuisine. Elle a une gazinière. Je découvre une casserole de Motoho, porridge de Sorgho, aliment de base.

Nous quittons le Lesotho un lundi. Rapide et efficace. Les douaniers nous demandent ce que nous avons visité au Lesotho ? Si nous avons aimé ? Ils aiment leur pays.
Certainement que nous aurions pu et dû passer plus de temps. Mieux préparer ce voyage. Nous en avons fait le tour, presque, par la route. Mais ce pays demande du temps. Le temps de marcher. Le temps de se poser et surtout le temps de découvrir toute cette culture riche en rituels et croyances, en vivant avec les Basotho.
Mais nous avons un timing à respecter. Etre à Port Elisabeth, en Afrique du Sud, le 17 octobre. Bientôt vous serez pourquoi….
Hello,
Merci pour ce bel article et votre énergie toujours présente, c’est un plaisir de voyager avec vous !
Vous me faites revivre plein de souvenirs, c’est chouette. ; )
jf.
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Merci Jean-Fabrice ! Fendi a reconnu les endroits où vous êtes passés. Il a vraiment assuré. Avec Stéphane, on dit souvent : « Qu’est ce qu’il est bien équipé ce 4×4 » grâce à toi , à vous qui l’avez équipé et déjà fait le tour de l’Afrique avec il y a plus de 10 ans. Du coup l’Amérique du Sud sera effectivement une nouvelle découverte pour tous. Merci de nous suivre !
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