Manaus, charmes cachés ?

Nos 5 dernières journées au Brésil.
Certains diront qu’une demie journée suffit pour visiter Manaus. Nous y avons passé 5 jours. Il est vrai que cette ville était loin de ce que nous imaginions. A savoir, une petite ville paumée au milieu de l’Amazonie, connue, par le passé, pour son exploitation du caoutchouc. Manaus a connu ses heures de gloire. Vestiges d’une autre époque parfois oubliée, maltraitée ou valorisée. Aujourd’hui, avec ses plus de 2 millions d’habitants, cette ville a de quoi surprendre.

Tout d’abord ses habitants. Nous retrouvons d’autres traits de visage et d’autres silhouettes. Indigènes d’Amazonie. Puis son architecture,…

Dans les rues de Manaus

Tout en parcourant le Theatro Amazonas, le Centro, le Marché Adolfo Lisbao (déjà visiter avec Arturo), les Parcs et Jardins, le Musée Ribeiro, le Palacio Rio Negro, les nombreux graffitis muraux, le Palacio de Justicio ou le port et les grandes avenues,  nous découvrons une architecture ecléctique, dans une chaleur suffocante, avec des odeurs mêlées de cuisine, d’épices et d’urines séchées au soleil (absence de toilettes publiques), de la musique, des invectives des marchands. La température varie entre 24° la nuit et 34° le jour. Seules quelques averses brutales viennent perturber ce paysage urbain aux trottoirs sales et encombrés. Mais si l’on se prend la peine de lever la tête, le passant rêveur peut découvrir des pépites architecturales.

Le Teatro Amazonas, l’Opéra, reste un des indispensables sites à visiter à Manaus (20 reals/5 euros). 1er théâtre au Brésil. Son toit est composé de tuiles venues d’Alsace (oui, d’Alsace !), aux couleurs du drapeau brésilien. L’Opéra Garnier, à Paris était une source d’inspiration pour cet édifice témoignant d’un passé riche à l’époque du commerce florissant du Caoutchouc. Le guide m’a demandé «  Il me semble que l’Alsace est un pays à part, non ? Ou alors elle fait partie de l’Allemagne ». « Horreur et damnation !!!!! » je m’offusque. Nous conversons sur les multiples changements de cette belle région de France, et les drames engendrés par les annexions multiples de l’Alsace et la Lorraine.Deux touristes Irlandais sont également présents : « Je vous comprends tout à fait. C’est comme si on nous prenait pour des anglais ! » me dit l’un d’eux. Mais en prenant du recul, « nous sommes tous des citoyens du monde » aime à le rappeler Stéphane.

Le Palacio de Justicio (visite gratuite)
Bâtiment de 1900, âge d’or du Caoutchouc, construit à la demande du Gouverneur Eduardo Ribeiro.  La visite du palais est gratuite et constitue une des plus belles œuvres architecturales de la ville. En service jusqu’en 1987. Les salles d’audience sont ouvertes à la visite comme des livres. Les parquets sont bicolores et les meubles sculptés en bois de Jacaranda. Une exposition de photo en noir et blanc y est également visible (Marian Barros, Sergio Corréa, Adriana de Lima,…)
Manaus a accueilli la première école de droit du Brésil.

Le Palacio Rio Négro (visite gratuite)Construit en 1903, dans un style éclectique. Ancien siège du gouvernement et habitation des gouverneurs successifs de l’état d’Amazonas. Devenu aujourd’hui un Centre Culturel avec concerts et expositions.
Le riche entrepreneur allemand, Scholtz, baron du caoutchouc est à l’origine de sa construction. D’ailleurs, son nom d’origine était celui de Scholtz Palace.
Nous y découvrons un bel escalier, de jolis meubles, de riches boiseries, un balcon-terrasse, puis une exposition photos et peinture au rez-de-chaussée

Les graffitis (balades à travers la ville)

Marque brésilienne Farm

Le shopping Center de Manauara. Quartier libre pour explorer les tendances de la mode brésilienne, au frais. J’ai craqué pour une petite combinaison de marque locale. Stéphane, lui aussi a craqué pour un tee-shirt à fleurs (incroyable ! la mutation commence ! hi !hi !hi !). Je dois reconnaître que je suis admirative devant la dé-complexion des brésiliens et surtout des brésiliennes, à porter des tenues très courtes, légères, moulantes, …quelques soit leur silhouette. Le rapport au corps semble libéré. Peut être est ce une impression, mais je dirai : « ils sont à l’aise avec leur corps », pour résumer la situation. J’ai essayé des tas de tenues et robes. Lorsque la robe paraissait un peu trop courte pour mon âge, les vendeuses me disaient « Ici au Brésil, tu peux porter ça ! En Europe peut être pas ? ». Et c’est vrai. La seule question à se poser c’est « Est ce que tu es à l’aise ? », « Tu soulèves les bras, tu t’assois…et si tu te sens à l’aise « E bom ! » me dit la ravissante vendeuse Gloria. C’est simple, non ? Se faire plaisir. Revenir aux fondamentaux.

Le Marché artisanal du dimanche matin.
Dernière journée avant de nous envoler vers Buenos Aires. Nous rejoindrons l’Avenida Eduardo Ribeiro et tombons un peu par hasard sur ce marché, directement sur l’avenue, barrée à cet effet. Bijoux, sous vêtements (avec les fameuses culottes gainées avec des trous pour les fesses), tee-shirts, jus de noix de coco, plats locaux, peluches, poupées, robes, …un méli mélo de marchandises plutôt fait main. J’achète une boucle d’oreille géante d’une indigène.

Restera à explorer pour notre prochaine visite : Le Parc do Mindu (petite réserve naturelle) où il est possible de prendre un petit déjeuner à volonté le dimanche matin. Le MUSA (Musée de l’Amazonie), le jardin botanique,…et errer dans les rues.

Les préparations de Noël. Dans la rue, les boutiques, les galeries ou sur les places…la décoration de Noël est bien présente et ça fait drôle ! Avec 35°, une chaleur étouffante et les habits du père noël en vitrine ou à vendre.

Un jus de fruit frais chez Skina Dos Sucos
Presque tous les matins, une fois le déjeuner pris, nous quittons notre hôtel et parcourons le Centre de la ville de toute part. Seule routine : boire un jus de fruit frais chez Skina dos Sucos, Avenida Eduardo Ribeiro. Açai, bananes, mangues, maracucha, menthe, chou, caju, betterave rouge, melon, pastèque, corossol, jabuticaba, carambole, cupuaçu, graviolia, tout y passe, tout se goûte,…

Un déjeuner-dîner chez Tambaqui de Banda.
Après un copieux petit-déjeuner, la faim se fait sentir vers 15h-16h. Nous trouvons toujours de la place. La réceptionniste de notre l’hôtel nous indique ce restaurant à deux pas qui s’avère être un bon plan !
Nous choisissons le Tambaqui de Banda, sur la place du théâtre, plat du même nom, pour 2 personnes (65 reals/14 euros). Excellent. Toujours accompagné de maïs, riz et petite sauce froide avec tomates, oignons et poivrons.

Un déjeuner au poids.
Quartier libre ! Encore ! J’avais repéré la veille un restaurant de quartier avec des locaux, nourriture au poids, comme il est souvent d’usage au Brésil. Café et eau gratuits. Pour environ 500 gr de nourriture, je m’en sors pour 17 reals/4,50 euros. Je discute quelques mots avec la serveuse qui s’étonne que je ne veuille pas prendre de sucre avec le café offert. « Impossible pour les brésiliens », me dit-elle.

Stéphane n’a pas aimé cette ville. Je ne peux en dire autant. C’est une ville perturbante de part son côté brut, mais de vrais trésors restent à découvrir, au fur et à mesure des balades, tout le long des jours. Se prendre le temps de regarder et flâner dans cette gigantesque ville, aux charmes cachés.

En conclusion :

Le Brésil, gigantesque pays, à lui seul, couvre la moitié de l’Amérique du Sud. 5ème plus grand pays au monde, après la Russie, le Canada, les Etats-Unis et la Chine. Nous avons parfois l’impression d’avoir vu si peu de choses par rapport à la taille du territoire, mais parfois bien plus que la majorité des brésiliens. Nous avons fait l’impasse sur les chutes d’Iguazu, au profit de l’Amazonie. Le voyage est fait de choix.

Après les 10 mois passés en Afrique nous en avons pris plein nos sens, en arrivant au Brésil. Ce gigantesque pays nous est apparu chaud, humide, libéré, festif, sensuel, musical, bruyant, odorant, violent, sauvage, pauvre, inégal, riche de fruits, de couleurs, de saveurs, d’une diversité ethnique et parfois sexuelle (couple homos/transsexuels,…), décomplexé, d’une architecture, témoignage d’un passé colonial, édifices parfois oubliés, abandonnés ou sublimés. Rien n’est linéaire ou lisse. Tout est de bosses et cabosses. Attachant et violent. Incroyable Brésil !

Ce qui nous as surpris dans les moeurs : Les hommes torses nus (en Afrique, c’est très rare, même par grosse chaleur), le papier toilette à jeter dans une poubelle (non dans les WC, pour éviter de boucher les petits conduits), les fesses rondes des brésiliennes (même si parfois elles trichent avec une culotte spéciale fesses rondes), le temps passé à la plage, sans forcément se baigner, les formes très généreuses des femmes avec les tenues courtes, les décolletés,… les femmes semblent à l’aise avec leur corps, quelque soit leur physique.

Top départ vers Buenos Aires, capitale de l’Argentine, avant le retour de Fendi, notre 4×4, il nous reste des choses à organiser d’ici là. Nous venons d’apprendre que l’arrivée du bateau est retardée….

4 réflexions sur “Manaus, charmes cachés ?

  1. philippe Jourdon

    Manaus a quand même un passé pas très ancien qui n’est pas spécialement reluisant et qui ne doit pas être complétement éteint. C’est peut-être ce ressenti qui fait que Stéphane na pas adoré cette ville

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